Lutte contre le tabac : quelle politique régionale en Grand Est ?

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Lutte contre le tabac en Grand Est

A l'occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai, l'ARS propose un tour d'horizon des actions de son nouveau Programme Régional de Lutte contre le Tabac (PRLT), fruit d'une collaboration partenariale menée avec les acteurs du Grand Est, ainsi qu'un focus sur la Formation Au Sevrage Tabagique (FAST) déployée en avril dernier avec l’Université de Lorraine.

En 2021, le nombre de fumeurs quotidiens en région Grand Est est de 1 060 000, ce qui représente 27% des adultes (18-75 ans). Si ce sont 200 000 fumeurs de moins qu’en 2017, le Grand Est reste très touché avec plus d’un quart de la population de la région qui fume quotidiennement, plaçant cette problématique de santé publique comme une priorité pour la région.

Quelles orientations pour le Programme Régional de Lutte contre le Tabac (PRLT) Grand Est pour 2023-2027 ?

Le nouveau Programme Régional de Lutte contre le Tabac (PRLT) en Grand Est a été arrêté pour la période 2023-2027 et complété suite à la sortie du nouveau Programme national de lutte contre le tabagisme 2023-2027 en novembre 2023.

Aux vues du bilan de la politique menée ces dernières années et des nouvelles actions investies au niveau national, ce PRLT 2023-2027 s’inscrit dans une continuité du précédent programme 2018-2022, en cohérence avec les axes du plan national.

Il comporte 3 axes :

  1. Protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabac.
    L’objectif est de poursuivre et amplifier les travaux menés ces 10 dernières années pour rendre le tabac moins attractif et moins abordable.
  2. Aider les fumeurs à arrêter de fumer
    Ce second axe vise à renforcer les dispositifs existants et à orienter les fumeurs vers ces solutions pour les aider dans leur démarche d’arrêt du tabac.
  3. Créer des environnements favorables
    L’enjeu est de créer des environnements favorables à l’arrêt du tabac mais aussi de lutter contre le tabagisme passif et contre les effets du tabac sur l’environnement

Quelles actions régionales pour lutter contre le tabagisme ?

L’ARS s’engage concrètement sur le terrain dans la lutte contre le tabac à travers diverses actions :

  • Chaque Contrat Local de Santé (CLS) signé contient a minima une action de lutte contre le tabac.
  • Un appel à projet spécifique « Lieux de Santé Sans Tabac » est ouvert annuellement depuis 2021 pour dynamiser cette politique en région et appuyer financièrement les établissements de santé qui s’engagent dans la démarche.
  • Des actions phares dans chacun des axes du PRLT avec des crédits dédiés dans le cadre du Fonds de Lutte contre les Addictions  :   
    • Pour l’axe 1, dédié aux jeunes, un axe fort est mis sur le développement des compétences psychosociales des plus jeunes et sur les actions en direction de leur entourage ;
    • Pour l’axe 2, destiné à aider les fumeurs à arrêter de fumer, un axe fort est mis sur la formation des professionnels de santé comme, entre autres, la formation FAST ;
    • Pour l’axe 3, à savoir la création d’environnements favorables, une des priorités est d’étendre la dénormalisation du tabac au sien de la région et la volonté de positionner le Grand Est comme une région pilote et exemplaire sur la question, comme avec la démarche "Administration / Entreprise sans tabac".

Action phare 2024 : la Formation Au Sevrage Tabagique (FAST) pour les professionnels

Financée par l’ARS Grand Est, cette formation au sevrage tabagique se déroulant en ligne est mise à disposition par l’Université de Lorraine. Elle propose aux professionnels un parcours pédagogique personnalisé et des outils pratiques pour l’accompagnement à l’arrêt de la consommation de tabac de leurs patients.

Gratuite, cette formation d’une durée totale de 3h peut être arrêtée et reprise à tout moment, pour s’adapter aux emplois du temps. La construction collaborative de ce projet a rassemblé des experts et professionnels régionaux pour créer un parcours pédagogique composé de vidéos, de quiz, d’illustrations et d’interventions d’experts, adaptés aux besoins spécifiques de votre profession.

Cette formation s'adresse aux Chirurgiens-Dentistes, Infirmiers Diplômés d’État, Masseurs-Kinésithérapeutes, Médecins, Pharmaciens, Sages-femmes et est également proposée en formation initiale aux futurs professionnels de santé.

S'inscrire à la formation FAST

Le fruit d'une collaboration des acteurs régionaux

Le PRLT est le fruit d’un travail collaboratif mené avec l’ensemble des acteurs au sein d'une instance régionale pour partager le travail engagé et échanger sur les perspectives de travail pour le Grand Est en intégrant les priorités nationales.

L’Instance Tabac Addictions réunit et rassemble 2 fois par an les institutionnels du territoire (Région Grand Est, Assurance maladie, Régime local d’Assurance maladie, Education nationale, MILDéCA, Universités,…), des représentants de professionnels de santé (Ordres et URPS) mais aussi des experts et des représentants de patients.

L'enjeu de ce nouveau PRLT Grand Est est de renforcer l'engagement à tous les niveaux et échelons : régional départemental, local,… En effet, c’est tous ensemble que nous pourrons relever le défi que nous nous sommes collectivement fixé, à savoir une 1ere génération sans tabac à l’horizon 2032.

L'évaluation du PRLT Grand Est 2018-2022

Il ressort de cette évaluation que la baisse du tabagisme a été supérieure en Grand Est à celle observée sur le reste du territoire : en France, la prévalence du tabagisme quotidien chez les 18-75 ans est passée de 26,9% en 2017 à 25,3% en 2022 soit une réduction de 1,6 points en 5 ans.

Sur cette même période, la prévalence est passée pour le Grand Est de 30,1% à 26,8%, soit moins 3,3 points, donc une baisse de 11%.

Depuis 2018, l’ARS Grand Est collabore avec le Centre d’Expertise en Santé Publique (CESP) du Grand Est, qui a évalué le PRLT 2018-2022. Cette évaluation a permis de formuler des orientations et observations pour aider à la construction du nouveau PRLT 2023-2027.

En 2021, le nombre de fumeurs quotidiens en région Grand Est est de 1 060 000, ce qui représente 27% des adultes (18-75 ans). Si ce sont 200 000 fumeurs de moins qu’en 2017, le Grand Est reste très touché avec plus d’un quart de la population de la région qui fume quotidiennement, plaçant cette problématique de santé publique comme une priorité pour la région.

Le tabac reste aujourd’hui en France la première cause de mortalité évitable, la première cause de mortalité précoce et la première cause de mortalité par cancer et par maladies cardiovasculaires. Plus de la moitié des fumeurs souhaite arrêter de fumer, c'est donc une priorité de santé publique portée par le Gouvernement et les Agences Régionales de Santé en région.

Le tabac reste un marqueur social fort puisque la part de fumeurs est nettement plus élevée chez les personnes ayant les revenus les plus faibles (31.9% contre 18.7% parmi les personnes ayant les revenus les plus élevés). De même, le tabagisme est plus important chez les moins de 30 ans avec une proportion de fumeurs dépassant les 33% chez les 18-30 ans.

On note que plus de la moitié des fumeurs expriment l’envie d’arrêter de fumer (58 %) et près d’un quart ont fait une tentative d’arrêt dans l’année (24 %).

Chez les femmes enceintes, les évolutions récentes sont encourageantes puisque le tabagisme pendant la grossesse a diminué : 12,2% des femmes déclarent fumer au moins une cigarette par jour au troisième trimestre de grossesse en 2021 (contre 16,3% en 2016). En Grand Est, cette proportion est de 14 % contre 19.8% en 2016.

Chez les jeunes, au niveau régional, les dernières données disponibles sont celles de EnClass 2018 : ces données montrent que 20.3% des collégiens du Grand Est ont expérimenté le tabac (contre 21.2% pour la France entière) et 4.7% en ont un usage quotidien (contre 6.2% pour la France).

Si ces données sont encourageantes, la lutte contre le tabac reste une priorité en Grand Est pour l’ARS. En effet il convient de conforter ces évolutions favorables et d’essayer de lutter contre celles qui le sont moins comme le vapotage.

En effet, comme au niveau national, le vapotage prend de l’ampleur en Grand Est avec 39% des adultes (18-75 ans) qui l’ont déjà expérimenté, ce taux atteignant 61% chez les 18-30 ans. Cependant, seuls 4% déclarent une utilisation quotidienne. Chez les jeunes également, cet usage augmente avec près de 1 collégien sur 3 (30.6%) qui a déjà expérimenté la cigarette électronique, taux qui monte à plus d’un sur 2 (56.9%) à 17 ans.