Prévention du suicide en Grand Est : garder le lien

Actualité
Journée Nationale Prévention Suicide

Cette année, la thématique retenue pour la Journée Nationale de Prévention du Suicide qui a lieu lundi 5 février 2024 est « Lien social et Prévention partagée : comprendre, entretenir et recréer ».
Une thématique pour se rappeler que si souvent la question du suicide isole, il s’agit bien d’un sujet de société, qui nous concerne tous et pour lequel le lien aux autres est essentiel.

En Grand Est, c’est tous ensemble, aux côtés des acteurs qui se mobilisent quotidiennement sur le sujet, que nous pourrons aider tous ceux qui en ont besoin.

Le suicide n'est pas une fatalité !

Le maintien du lien est essentiel dans la prévention du suicide.

Plusieurs dispositifs existent et sont mis en place en Grand Est pour assurer ce lien, en complémentarité des acteurs qui œuvrent chaque jour, psychologues, infirmiers, médecins, psychiatres et tous les professionnels du champ de la santé ou du social.

Il s’agit notamment du numéro unique 3114, disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 pour répondre aux besoins des personnes ayant des idées noires, qu’elles soient fugaces ou plus présentes mais aussi à leurs proches ou aux professionnels.
Cette ligne professionnelle s’articule évidemment avec les autres dispositifs d’écoute (Fil Santé Jeune, SOS Amitié…).

Il s’agit également du dispositif Vigilans, qui assure, en coordination avec les soignants prenant en charge une personne après une tentative de suicide, un rappel et un maintien du lien avec la personne.

Mais au-delà de ces deux dispositifs, le maintien du lien peut être l’affaire de tous, au quotidien, soignant ou non. Et c’est pourquoi l’ARS soutient le déploiement des formations GEPS, qui s’adressent et s’adaptent à tous, avec différents niveaux.

Face à une personne en souffrance, qu’il s’agisse d’un ami, d’un proche, d’un collègue, d’un voisin…. sachons réagir, sachons en parler, sachons orienter vers les bons dispositifs, sachons garder le lien.

Les données nationales et régionales

Les dernières données de Santé publique France publiées ce jour montrent qu’en 2021, parmi les personnes de 18-85 ans, la prévalence des pensées suicidaires dans l’année était estimée à 4,2%. Cette prévalence, avait fluctué  entre 4% et 5% entre les années 2010 et 2020.

En 2021, cette prévalence apparaissait plus élevée chez les femmes (4,8%) que chez les hommes (3,5%) ; cette différence étant principalement portée par les jeunes adultes (7,2% chez les  18-24 ans).

A noter cependant que chez les jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans la prévalence des pensées suicidaires était stable entre 2010 et 2014 mais avait fortement augmenté entre 2014 et 2021 (passant de 3,3% à 7,2%), notamment chez les jeunes femmes de 18-24 ans (passant de 3,3% en 2014 à 9,4% en 2021).

Plus de la moitié (64%) des personnes ayant déclaré des pensées suicidaires dans l’année avaient déclaré avoir réussi à en parler à quelqu’un (55% pour les hommes et 71% pour les femmes), avec de forte différences selon les âges.

En 2024, en Grand, Est les dernières données de Santé Publique France rapportait qu’en 2021 :

  • 1 habitant du Grand Est sur 22 (4,5%) déclarait avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année ; ce chiffre était de 4,9% pour l’année 2017
  • 1 habitant du Grand Est sur 15 (6,8%) déclarait avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de la vie ; ce chiffre était de 8,1% pour l’année 2017.
(source : BEH n°3 /3 février 2024/ Prévalence des pensées suicidaires et tentatives de suicide chez les 18-85 ans en France : résultats du Baromètre santé 2021)

Santé publique France note en région Grand Est que la dégradation de la santé mentale des adultes et des jeunes intervenue pendant la pandémie a motivé la mise en place et le renforcement de plusieurs dispositifs nationaux et régionaux de promotion et de prévention en santé mentale. En fonction des dispositifs, les effets sont remarquables à plus ou moins long termes. Afin d’effectuer un suivi de la santé mentale et permettre aux politiques de santé publique d’adapter les actions et politiques de santé, plusieurs sources de données sont exploitées dans un délai court après leur collecte.

Les résultats de ces surveillances montrent une « amélioration » de la santé mentale chez les adultes dont les normes sont revenues aux valeurs d’avant la pandémie. En effet, le nombre de passages aux urgences en 2023, pour une pathologie en lien avec la santé mentale chez les adultes est plus faible d’environ 3% à ce qui est observé sur la moyenne des années 2019-2021. Cependant sans gold standard, il est très difficile de définir un seuil où la santé mentale de la population serait considérée comme bonne. Pour exemple, le nombre de passages aux urgences pour une pathologie en lien avec la santé mentale a baissé de 10% entre 2018 et 2023.

Chez les plus jeunes, une dégradation de la santé mentale a été observée au cours de la pandémie. Cette dégradation a perduré en 2022 et 2023. Les différentes alertes, actions et campagne de promotion de la santé mentale, en améliorant le recours aux soins et la qualité du codage des services, ont participé aussi à l’augmentation des indicateurs. En 2023, une augmentation de 26% des passages aux urgences pour idées suicidaires a été observée par rapport à l’année 2022, alors que le nombre de passages pour gestes suicidaires est resté stable entre 2022 et 2023 chez les jeunes. Néanmoins la baisse des consultations pour angoisse de 25% en 2023 en comparaison à la moyenne de la période  2019-2021, laisse présager de bons augures.  

Enfin, en 2023, les passages aux urgences pour une pathologie en lien avec la santé mentale ont représenté environ 5% de l’ensemble des passages toutes causes confondues.

(Sources : Santé publique France - Région Grand Est - Janvier 2024)

Rappelons que le suicide n’est pas une fatalité : il est possible d’agir pour le prévenir.

En présence de signes d’anxiété ou de dépression (tristesse, perte d’intérêt, d’énergie, irritabilité excessive…), ou en cas de changements inhabituels de comportement (décrochage scolaire, isolement social, perte ou gain important d’appétit ou de poids…), que ce soit pour vous ou l’un de vos proches, il est important d’en parler et de prendre conseil, auprès de son médecin ou du 3114, afin d’être orienté sur les aides et solutions disponibles.

En Grand Est, un ensemble d’actions est décliné avec les acteurs locaux dans le cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide déployée par l’ARS Grand Est grâce aux acteurs de terrain.
Retrouvez-les dans les paragraphes ci-dessous.
 

Dans le cadre de la Journée Nationale de Prévention du Suicide, plusieurs Cinés Débats sont organisés en Grand Est autour du film "Au nom de la Terre" d’Edouard Bergeron, en présence des équipes VigilanS du Grand Est.

Bar-Le-Duc (Meuse) 05/02/24

Le Centre de Prévention du Suicide Grand Est organise un ciné-débat autour du film "Au nom de la Terre" à 20h00 au Cinéma Confluences.

En présence de l’équipe du 3114 (Pr. Fabienne LIGIER, Dr Crina PAPUC et Xavier SIPP) 

L’équipe VigilanS Alsace propose des séances de ciné-débat autour du film « Au nom de la terre » avec les associations qui œuvrent pour la prévention du suicide (SOS Amitié, et « Dites Je suis là ») et celles qui travaillent à dé-stigmatiser les troubles psychiques (Unafam et Ciné Psy), 

Strasbourg (Bas Rhin) 05/02/24

L'Unafam 67 propose un ciné-débat à 20h00 au Cinéma Star Saint-Exupéry 18 rue du 22 novembre
(tout public - participation 5 euros)

Réservation fortement conseillée sur le site du Cinéma Star St Exupéry ou à 67@unafam.org
 

Intervenants :
Dr Malvezin, médecin responsable de VigilanS Alsace, Pôle de Psychiatrie Santé Mentale et Addictologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, accompagnée de son équipe.

M. Peroche, infirmier en psychiatrie et un des ambassadeurs du dispositif de prévention du suicide "Dites je suis là".
M. Trautmann, président de l'association S.O.S. Amitiés.
Dr Lozère et Dr Hansmaennel du CinéPsy (internes en psychiatrie).

Mulhouse (Haut Rhin) 6/02/2024

Ciné Débat à 20h  au cinéma le Bel Air (tout public - participation 5 euros)

En présence d'un membre de l’équipe du Césame (CAC de Mulhouse) et Rémi BADOC, directeur de l’association SEPIA.

Brumath (Haut Rhin) 8/02/2024

Ciné Débat à 16h à l'EPSAN
(Ouvert à tous participation 5 euros / Gratuit à destination des personnels soignant ou du médicosocial,

En présence de Madame Anne JACQUEMIN, psychologue répondante au 3114  
Dans le cadre de la Journée nationale de prévention du suicide, la Communauté psychiatrique de territoire de la Marne, l’EPSM de la Marne et le CHU de Reims organisent un forum.

Stand 3114/VigilanS Champagne Ardenne  "Prévention du suicide" 5.02.2024

De 8 à 16 heures, dans le hall de l’hôpital Robert-Debré du CHU de Reims.

A cette occasion, les dispositifs de prévention de la récidive suicidaire – VigilanS et Vigiteens – seront présentés aux patients, aux familles et aux professionnels de santé.
Ensemble, parler du suicide peut tout changer : ditesjesuisla.fr
D'autres dispositifs de prévention seront également mis en avant tout au long de cette journée comme le numéro national de prévention du suicide (3114) ; le service d’écoute nocturne pour les étudiants (Nightline) ; la formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM) dispensée par l’association l’Amitié de Reims ; la formation Sentinelle qui vise à consolider le premier maillon de la chaîne de prévention pour les personnes en souffrance en facilitant leur accès aux soins ; le plan contre le mal-être en milieu agricole mis en place par la MSA Marne, Ardennes, Meuse ; les Ambassadeurs en Santé Mentale encadrés par le Club Famille de Reims et Unis-Cité.
Plusieurs structures et institutions tiendront par ailleurs un stand : l’Éducation nationale, la Maison des adolescents – Passerelle jeunes, le Point Écoute jeunes de la Ville de Reims. Ensemble, sensibilisons et mobilisons les citoyens pour offrir des moyens d’agir face à un proche en souffrance.

Ce numéro est gratuit, confidentiel et accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national.

3114 Numéro national prévention du suicide Bannière web 1

Le site du numéro national de prévention du suicide - 3114

Il permet de répondre aux besoins immédiats des personnes en recherche d’aide : information, écoute avec bienveillance et sans jugement, évaluation du niveau de souffrance, intervention, urgence, orientation vers les acteurs pour une prise en charge adaptée ou accompagnement.

Ce service est proposé pour tous : les personnes en souffrance, l’entourage inquiet pour un proche, les personnes endeuillées par suicide.

Il s’adresse également aux professionnels en quête d’information sur ce sujet.

L'organisation du 3114 en région Grand Est

Porté nationalement par le CHRU de Lille, ce dispositif s’appuie sur des centres régionaux.

Pour le Grand Est, c’est le Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) qui est le centre répondant. Les Dr PICHENE, Dr PAPUC et le Pr LIGIER du CPN de Nancy ont œuvré pour constituer et former une équipe de professionnels, qui est opérationnelle depuis le 1er octobre 2021.

Le centre répondant du Grand Est est un « centre de jour » : il reçoit donc les appels de 9 h à 21 h tous les jours. La nuit (de 21h à 9 h le lendemain), une bascule des appels se fait automatiquement sur l’un des 3 centres « de nuit » répertoriés en France (pour le Grand Est, il s’agit du CRHU de Lille).

Des numéros d’écoute complémentaires et coordonnés 

En complémentarité du 3114, il existe d’autres numéros d’écoute, tous anonymes et gratuits, pour les personnes en mal-être, non spécifiques à la thématique du suicide.

Ces numéros peuvent s’adresser des publics spécifiques ou à tout à chacun :

Le risque suicidaire est majoré pour les personnes ayant un antécédent de tentative de suicide.

En effet, 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois suivant une tentative de suicide. Par ailleurs, la survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque de tentative dans l’année suivante, et par 4 le risque de suicide ultérieur.

C’est pourquoi le dispositif VigilanS a été mis en place. Après leur prise en charge (aux urgences ou en hospitalisation ou en soins de ville), VigilanS assure un recontact régulier des personnes parallèlement à leur prise en charge par les acteurs du soin.

VigilanS Grand Est (Logo)

Le dispositif VigilanS est créé en 2015 dans les Hauts-de-France. La même année, le Centre Psychothérapeutique de Nancy (CPN) a initié la mise en œuvre de ce dispositif en Lorraine.

Depuis 2020, ce dispositif s’étend à la région Grand Est avec l’implantation de deux nouveaux centres à Strasbourg et Reims.

3 formations en prévention du suicide sont disponibles en Grand Est.

Elles s’adaptent à chacun, selon ses compétences et son parcours :

  • Niveau 1 - Sentinelle : destinée aux citoyens ou professionnels volontaires pour repérer la souffrance psychologique et la problématique suicidaire au sein de leur environnement
  • Niveau 2 - Évaluation et orientation : destinée aux professionnels de santé et psychologues cliniciens de premier recours afin qu’ils soient en mesure d’évaluer le risque suicidaire des personnes, et de les orienter dans le système de soins.
  • Niveau 3 - Gestion de crises : destinée aux professionnels de la santé mentale prenant en charge les personnes en situation de crise suicidaire

Ces trois rôles et trois fonctions permettront la création d’un réseau de repérage, d’évaluation et d’intervention.

Pour toute information pour trouver une formation : Accueil | GEPS Formation (geps-formation.com)

En région Grand Est, 3 formateurs nationaux ont été formés par le Groupement d'Etudes et de Prévention du Suicide (GEPS) :

  • Mme le Dr Pichene – Psychiatre au CPN
  • Mme le Pr Ligier – Pédopsychiatre au CPN
  • Mme le Dr Papuc – Psychiatre au CPN

A ce jour, plus de 50 formateurs en Grand Est  déploient à leur tour des formations en direction des publics cibles.

Des formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM)

Cette  formation déployée depuis 2019 auprès des étudiants de l’Université de Lorraine permet aux étudiants formés d’intervenir facilement et de façon proactive devant toute situation nécessitant des secours en santé mentale.

La formation PSSM a été également étendue depuis 2022 aux professionnels des Missions Locales de la région Grand Est.

Par ailleurs, en 2023, l’ARS a financé des formations PSSM en direction des personnels de l’Education Nationale.

Dans un cadre plus large, cette formation s'adresse à tous car elle vise aussi à déstigmatiser les troubles mentaux dans la population générale et repérer les troubles psychiques, ou les signes précurseurs de crise, afin d’intervenir précocement sur le modèle des « gestes qui sauvent ».

Depuis le printemps 2022, le dispositif national MonParcoursPsy permet à tous, dès l’âge de 3 ans, et sur adressage d’un médecin, de bénéficier de 8 séances d’accompagnement psychologique (1 bilan et 7 séances) prises en charge par l’Assurance Maladie avec la participation des organismes complémentaires.

Ce dispositif national fait suite au dispositif Ecout'émoi, dispositif expérimental qui s’était déployé en Grand Est : il s’inscrit dans la mesure 18 des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie « Prise en charge par l’Assurance maladie d’une prestation d’accompagnement psychologique réalisée par un psychologue en ville ».

Pour en savoir plus :

Depuis février 2022 et la circulaire 2022/24 du 31 janvier 2022 relative aux modalités de pilotage de la feuille de route pour la prévention du mal-être et pour l’accompagnement des agriculteurs et des salariés agricoles, l’ARS Grand Est collabore au niveau régional avec les Préfectures et la MSA (Mutualité Sociale Agricole) en faveur de la santé mentale des personnes du milieu agricole.

En 2022, des comités départementaux se sont mis en place sous l’égide du Préfet de département, et associent l’ensemble des partenaires du territoire dont les ARS, pour se mobiliser sur les différentes leviers d’actions.

La MSA était déjà fortement mobilisée sur le sujet avec des dispositifs tels que la ligne Agri’Ecoute.

Agri'écoute : mal-être, solitude, idées suicidaires ...

 

Vous êtes concernés par la prévention du suicide ? Où vous adresser ?

  • Vous êtes un professionnel ?

Dans le cadre de la prévention des conduites suicidaires, l’ARS Grand Est a confié à l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) Grand Est la réalisation d'un annuaire des professionnels et des associations ressources dans les départements du Grand Est (Ardennes, Aube, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Vosges).

Consultez l'Annuaire des structures travaillant dans le champ du suicide en Grand Est

  • Vous êtes un particulier ?

Si vous, ou l'un de vos proches, vous sentez concernés par le suicide, ou si vous éprouvez un mal-être psychique, avec des idées suicidaires ou non, nous vous recommandons de prendre contact avec :

  1. Le 3114, qui vous orientera
  2. Votre médecin traitant, le Centre Médico Psychologique (CMP) de votre secteur, l’hôpital psychiatrique le plus proche ou encore un cabinet de psychiatre ou de psychologue libéral.
  3. Si la situation vous parait urgente, vous pouvez appeler les urgences (le 15) ou vous rendre au service des urgences de votre hôpital de proximité.
  4. Vous trouverez des informations générales sur le thème du suicide sur le site du PSYCOM, un organisme public d'information et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale.