
La démoustication dans le cadre d'une opération de lutte antivectorielle (LAV) a pour but d’éliminer les populations adultes de moustique vecteur de maladies (comme le moustique tigre Aedes albopictus) qui pourraient avoir été en contact avec un malade. Avec un objectif : casser toute chaîne de transmission possible des virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika.
Elles sont déclenchées par l'ARS après une enquête épidémiologique, en lien avec la collectivité concernée.
Ce type d’opération ne doit pas être confondue avec une démoustication dite de confort dont l’objectif est de maîtriser les proliférations excessives de moustiques (toutes espèces confondues) à l’origine de nombreuses nuisances pour les habitants dans des secteurs particulièrement propices à leur développement (marais par exemple...).
Cette foire aux questions concerne uniquement les opérations de lutte antivectorielle menées par l'ARS Grand Est.
Lorsqu’un cas de dengue, chikungunya ou Zika est identifié par un professionnel de santé, il le signale à l’Agence régionale de santé (ARS) via le dispositif des maladies à déclaration obligatoire (MDO).
Une enquête épidémiologique est alors menée par l’ARS afin d’identifier les lieux fréquentés par le patient lors de sa période de virémie (période pendant laquelle la personne peut transmettre le virus à un moustique à l’occasion d'une piqûre). En effet, c’est à cette occasion qu’une chaine de transmission épidémique pourrait se déclencher : la personne porteuse du virus est piquée par un moustique tigre qui en s’infectant peut alors contaminer une autre personne en la piquant.

Pour limiter ce risque de transmission, l’ARS mobilise alors un opérateur habilité pour rechercher la présence éventuelle de moustique tigre dans les lieux fréquentés où un risque est identifié.
Actuellement, en l’absence de vaccin et de traitement spécifique contre ces maladies, la lutte contre les moustiques tigres reste le principal moyen d’action. Cette lutte passe par la suppression mécanique des gîtes larvaires spécifiques à cette espèce et, si nécessaire, le recours à un traitement insecticide adulticide (insecticide spécifique au stade adulte, n’éliminant pas les trois autres stades - œuf, larve et nymphe). Il s'agit d’éviter que des moustiques tigres présents piquent la personne malade et transmettent la maladie à d’autres personnes alentours.
Uniquement lorsque l’ARS évalue un risque de transmission épidémique d’une arbovirose (dengue, chikungunya ou Zika).
Dès lors que les investigations menées démontrent la présence simultanée d’au moins une personne virémique et de moustiques adultes, une évaluation du risque épidémique est réalisée par l’ARS permettant de statuer sur la nécessité de mettre en œuvre un traitement.
Ce traitement est réalisé dans un périmètre déterminé (en général 150 m) autour des lieux fréquentés par le malade et dans le respect de la réglementation vis-à-vis des points ou cours d’eau (application d’une zone tampon).
Il vise à supprimer les moustiques adultes ayant pu piquer le malade et pouvant transmettre la maladie à d’autres personnes alentours.
Le traitement est réalisé la nuit durant la période de repos du moustique sur la végétation, pour limiter l’exposition de la population au produit pulvérisé et l’impact pour la biodiversité (insectes pollinisateurs en particulier).
Il est appliqué selon un plan d’intervention validé par l’ARS.
Bien que le produit au dosage utilisé soit sans risque pour la population, il est fortement recommandé de ne pas s’exposer directement en suivant les précautions rappelées en gras dans les réponses aux questions ci-après et diffusées à l’occasion d’un traitement par l’ARS et la collectivité.
En pratique, l’insecticide est pulvérisé à faible dose dans l’air sous forme de minuscules gouttelettes. Ce traitement spatial peut être réalisé à partir de la voie publique à l'aide d’un pulvérisateur à ultra-bas volume (ce qui limite fortement la quantité d’insecticide utilisé), monté sur un véhicule de type pick-up.
Le jet, dirigé sur la végétation principalement, atteint une distance de 2 à 3 mètres. Dans le cas des espaces difficilement accessibles, il se peut qu’un autre appareil (nébulisateur manuporté par un agent de démoustication) envoyant un léger brouillard soit utilisé par voie pédestre.
Il est à noter que les engins utilisés sont relativement bruyants.
Le traitement est confié à un opérateur habilité par l’ARS dont les agents de lutte antivectorielle sont titulaires du certificat Certibiocide leur permettant de manipuler ces insecticides dans un cadre professionnel.
Ces techniciens manipulent quotidiennement les insecticides et sont directement exposés pendant toute la durée du traitement, ils sont donc protégés par des équipements de protection individuelle (combinaison, masque à cartouches, gants).
Le produit utilisé est l’Aqua K’Othrine®. Il est dûment autorisé pour cette utilisation par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) et agit par contact.
Sa substance active, la deltaméthrine, est très faiblement dosée.
Il s’agit d’un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes ; substances présentent dans les produits insecticides vendus dans le commerce sous forme d’aérosols ou de diffuseurs ; les produits antiparasitaires pour chiens et chats ou encore les traitements antipoux.
Le produit ne pouvant pas être appliqué à moins de 50 mètres des cours d’eau et plans d’eau, des alternatives aux traitements peuvent parfois être recherchées comme la pose de pièges à adultes mais qui présentent une efficacité moindre. De la même manière, le produit Harmonix® Inspyr autorisé en agriculture biologique peut être utilisé en substitution de l’Aqua K’Othrine® à proximité des parcelles agricoles en agriculture biologique.
Les substances actives sont utilisées à faible dose et perdent rapidement en efficacité, toutefois, les insecticides utilisés dans le cadre de la lutte antivectorielle peuvent présenter des risques pour la santé humaine si les personnes sont exposées directement aux produits chimiques à des doses importantes.
C’est pourquoi, il est recommandé de :
- Ne pas s’exposer directement au nuage de pulvérisation et rentrer chez soi (le traitement est systématiquement interrompu en cas de présence humaine à l’extérieur),
- Fermer les portes et les fenêtres et les maintenir fermées pendant 1 à 2 heures après l’intervention (attendre 3 heures avant d’accéder à votre jardin),
- Si possible, couper le système de ventilation mécanique.
Certaines personnes pourraient développer des réactions allergiques aux produits utilisés. Les enfants, les personnes âgées et les individus ayant des problèmes de santé chroniques pourraient être plus vulnérables aux effets secondaires de la lutte antivectorielle.
Si vous présentez des symptômes tels que des vertiges, vomissements, démangeaisons, ou tout autres signes d’intoxication, vous devez contacter rapidement le centre anti-poison et de toxicovigilance de Nancy au numéro suivant : 03 83 22 50 50.
A ce jour, quelques signalements d’évènements indésirables liés à l’exposition à un traitement de LAV ont été recensés.
Ces cas sont peu fréquents et aucun cas grave n’a été rapporté.
Les cas individuels surviennent lorsque les populations n’ont pas bénéficié d’informations suffisantes et n’ont pas mis en œuvre les mesures préventives préconisées. Les expositions professionnelles quant à elles surviennent principalement lorsque les équipements de protection sont mis en défaut (sources : lutte-antivectorielle_N22_0.pdf (anses.fr), CCTV_RapportLAV_vf (centres-antipoison.net)).
L’effet du produit insecticide utilisé contre les moustiques adultes est temporaire et dépend de la durée pendant laquelle les particules restent en suspension dans l'air, généralement de 1 à 2 heures selon les conditions météorologiques. De plus, le produit actif est photosensible, les UV de la lumière du jour vont donc le détruire rapidement sur les surfaces des objets.
En revanche ce produit a une forte persistance dans l’eau, il est donc conseillé de vider les contenants en eau qui n’auraient pas été ramassés ou couverts avant le traitement insecticide.
Oui, cette substance active est toxique pour tous les insectes. Il peut aussi y avoir un impact sur les organismes aquatiques, les animaux à sang froid, mais aussi sur l'écosystème environnant.
Assurez-vous de protéger vos points d'eau et de garder vos animaux à l'intérieur pendant la nuit où le traitement est effectué. Les chats errants devraient naturellement s'éloigner de la zone en raison du bruit des machines et ne sont pas exposés à des risques importants.
Il est ainsi conseillé de :
- Rentrer les animaux ainsi que leurs gamelles ou de les éloigner,
- Protéger les animaux aquatiques et à sang froid,
- Couvrir les bassins, piscines et bacs à sable,
- Déplacer ou protéger les ruches.
Malheureusement, il n'existe pas d'insecticide spécifique qui cible exclusivement les moustiques adultes. Cependant, l'effet toxique du produit varie en fonction de l'anatomie de chaque insecte. Le moustique tigre est particulièrement sensible à l'action de ce produit. Cela permet son utilisation à une concentration plus faible que celle requise pour d’autres insectes
Il est recommandé d’attendre quelques jours avant de récolter les fruits et légumes du jardin, de les laver et si nécessaire, de les éplucher avant de les consommer.
Le lavage et l’épluchage sont des règles d’hygiène de base, à appliquer qu’il y ait traitement ou non.
Avant le traitement, il est aussi recommandé de ramasser le linge, rentrer le mobilier de jardin, les jouets ou les couvrir. Et après traitement, de rincer à l’eau le mobilier de jardin et les jeux d’enfants qui n’ont pas pu être mis à l’abri et de vider les contenants en eau qui n’auraient pas été ramassés/couverts avant l’opération de traitement. Ces recommandations visent à réduire au maximum l’exposition aux produits chimiques.
Les traitements ne sont déclenchés par les autorités sanitaires qu’en cas de risque de propagation épidémique (dengue, chikungunya ou Zika).
Dans les secteurs où ce risque est identifié (zone fréquentée par une personne atteinte d’une arbovirose + présence avérée du moustique tigre), l’ARS évalue la nécessité de réaliser un traitement adulticide ; dans ce cas, la surface de traitement est alors limitée à la zone de déplacement du moustique tigre à savoir 150 mètres autour de son lieu de naissance, tout en respectant des distances de sécurité vis à vis des sites à risque (ex : pas d’application à moins de 50 mètres des cours d’eau et plans d’eau).
Ces traitements ne sont pas une solution durable pour réduire la nuisance car ils n’ont aucun effet sur les œufs ni les larves de moustiques. L'objectif est d’éliminer les moustiques adultes qui auraient pu piquer la personne virémique et ainsi devenir porteur du virus qu’ils peuvent transmettre à une nouvelle personne en la piquant. Une nouvelle population de moustiques tigres (sains) apparaît donc dans les jours qui suivent l’opération.
Les gestes d’élimination des gîtes larvaires doivent donc être maintenus à une fréquence d’au moins une fois par semaine puisque c’est le moyen le plus efficace pour freiner la prolifération du moustique.
La répétition systématique et générale de traitements insecticides n’est aucunement recommandée considérant leur impact sur l’environnement (nocivité pour les abeilles, les poissons et autres animaux à sang froid notamment) et le risque que les moustiques développent une résistance au produit utilisé.
En général, une fois installé, le moustique tigre ne peut plus être éradiqué car les œufs sont pondus dans de multiples gîtes et sont très résistants, même aux conditions très défavorables des périodes hivernales. En revanche, il est possible de freiner sa prolifération en réduisant les lieux de ponte dans l’environnement proche.
Les traitements ne sont programmés que dans les secteurs où existe un risque réel de circulation du virus, afin de protéger votre santé et celle de vos voisins. Ils sont généralement réalisés sur le domaine public et depuis les voies de circulation.
Néanmoins, les opérateurs peuvent parfois avoir besoin d’accéder aux espaces extérieurs des propriétés privées pour garantir le traitement complet de la zone. Vous êtes en droit de refuser l’accès à votre propriété, toutefois, le maire peut prescrire l’exécution des mesures nécessaires et faire appel aux forces de l’ordre pour pénétrer sur votre propriété.
Généralement non, sauf si le seul moyen que le produit pulvérisé atteigne les jardins implique de traverser un bâtiment (maison mitoyenne, immeuble, …).
Le traitement est pris en charge par l’ARS, en aucun cas il ne vous sera demandé une participation financière.