Les PFAS, de quoi s’agit-il ?

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PFAS pollution de l'eau potable

Plus connues sous le nom de PFAS ou de polluants éternels, les perfluorés sont des substances aux propriétés chimiques spéciales, présentes dans diverses industries et produits que nous utilisons au quotidien. Découvrez-en davantage sur ce qu'ils sont, leur utilisation et leur impact.

Les composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS) représentent près de 4 000 composés chimiques synthétiques. Ils sont utilisés, depuis les années 1950, dans un grand nombre d’applications industrielles et dans des produits de consommation pour leurs propriétés antiadhésives, résistantes aux fortes chaleurs et imperméabilisantes :

  • Composants pour emballages alimentaires en papier et en carton ;
  • Mousse anti-incendie ;
  • Produits utilisés pour la photographie, la lithographie ;
  • Le fart utilisé sous les skis pour améliorer la glisse ;
  • Isolant pour fils électriques, câbles électroniques ;
  • Certains produits ménagers, agents ou imperméabilisants ou antitaches dans l’industrie du textile (vêtements de pluie, moquettes et tissus d’ameublement) ;
  • Ustensiles de cuisine anti-adhésion, embouts buccaux de cigarette électronique, semelles de fers à repasser ;
  • Lubrifiants et cires pour sols et voitures, dans la fabrication de cosmétiques ou encore agents antibuée, antistatiques ou réfléchissants pour vernis et peintures
  • Traitements phytosanitaires.

La présence de PFAS dans l’environnement est uniquement liée à l’activité humaine.

Très persistants et résistants à la dégradation, il est possible d’en retrouver des traces dans l’environnement (eau, air, sol) et dans la chaîne alimentaire, y compris des molécules qui ont été interdites depuis plusieurs années (d’où l’appellation de « polluants éternels »).

Toute la population est exposée, à des niveaux variables. La principale source d’exposition est l’alimentation, en particulier :

  • la consommation de produits de la mer, de viande, de fruits, d’œufs,
  • dans certains cas, la consommation d’eau de boisson.

L’air intérieur et extérieur est aussi une voie d’exposition possible mais moins importante, ainsi que l’ingestion de poussières contaminées.

Les PFAS, tout comme d'autres substances chimiques, peuvent présenter des risques pour la santé, surtout lorsqu'on y est exposé de manière répétée et sur le long terme.

Les informations scientifiques les plus récentes, résumées dans le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en juillet 2020, montrent qu'une exposition fréquente aux PFAS peut avoir des effets potentiels sur la santé :

  • la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination chez les enfants ;
  • une petite diminution du poids à la naissance ;
  • des taux élevés de cholestérol ;
  • une perturbation du fonctionnement du foie.

D’après l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 4 PFAS devaient faire l’objet d’une attention particulière car ils contribuent le plus à l’exposition et au risque potentiel pour la santé : PFOA, PFNA, PFHxS, PFOS.

En novembre 2023, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le PFOA comme « cancérigène pour l’homme » (groupe 1) et le PFOS comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (groupe 2B). La production de ces deux PFAS est interdite depuis plusieurs années.

D’autres effets sur la santé ont été mis en évidence par des études toxicologiques sur l’animal mais n’ont pas été prouvés chez l’homme, comme par exemple des perturbations de l’équilibre endocriniens (hypothyroïdie), des troubles de la reproduction, de la fertilité, une augmentation du risque de cancer (cancers du rein ou des testicules).

L’objectif de ces études est de produire des valeurs de référence d’exposition pour la population française.

Etude Esteban

Le niveau d’imprégnation de la population française a été mesuré par l’étude Esteban publiée en 2019 par Santé Publique France. Elle a été réalisée sur un échantillon de 744 adultes et 249 enfants durant deux ans (2014 à 2016). 17 PFAS étaient recherchés.

Les résultats ont montré que 7 étaient régulièrement quantifiés chez les adultes et 6 chez les enfants. Le PFOA et le PFOS (substances désormais interdites) ont été quantifiés à 100 % chez les enfants et les adultes. Des différences de niveaux d’imprégnation ont été observées selon le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, la consommation de poissons et des produits de la mer, de légumes, l’autoconsommation d’œufs et de lait, l’utilisation des produits ou matériaux pendant les travaux de loisirs ou de bricolage.

Enquête Albane

L’enquête Albane, qui prend la suite d’Esteban, actualisera sur l’ensemble du territoire national ces valeurs de référence.Elle sera copilotée par Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). La phase pilote de cette étude nationale commencera en 2024 et le terrain du premier cycle de 2025 à 2026 pour des résultats à partir de 2028 sur le volet biosurveillance.

Concernant l’exposition des nourrissons, ils peuvent être exposés durant la grossesse et l’allaitement, le cas échéant lors de l’utilisation de l’eau pour la confection des biberons. A noter que le passage des PFAS dans le lait maternel est connu et documenté. Cependant, les taux d’imprégnation aux PFAS des nourrissons allaités au sein rejoignent, en grandissant, ceux des autres enfants et l’allaitement reste bénéfique (source : Institut fédéral allemand d’évaluation des risques).

L’organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que l’allaitement maternel est recommandé de façon exclusive jusqu’à 6 mois et au moins jusqu’à 4 mois pour un bénéfice santé. Même de plus courte durée, l’allaitement maternel reste toujours recommandé.

En 2023, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a publié son Plan d’action ministériel sur les PFAS | Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires (ecologie.gouv.fr).

Ce plan, piloté en région par la DREAL, vise à contrôler les industries émettrices ou utilisatrices de PFAS en vue d’en réduire les impacts sur l’environnement. 5000 sites industriels sont concernés en France, dont 525 en Grand Est.

Le contrôle de l’eau de consommation est assuré par l’Agence Régionale de Santé Grand Est qui agit pour le compte des Préfets de département. Ce contrôle sanitaire de l’eau potable est réalisé par des laboratoires agréés.