Gestion et suivi des impacts de la sécheresse sur les installations de production et de distribution d’eau potable

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La fréquence et l’intensité des événements climatiques extrêmes s’accentuent chaque année, et sont les conséquences visibles du changement climatique. Parmi ces aléas, la sécheresse a été particulièrement importante dans notre région ces dernières années et notamment en 2018.

Ce manque d’eau peut avoir des conséquences tant sur la quantité que sur la qualité de l’eau du robinet. Face à ces difficultés, certaines collectivités sont amenées à mettre en œuvre, en urgence, des dispositifs palliatifs temporaires de réapprovisionnement par camion-citerne par exemple.

Chaque semaine de juillet à décembre 2018, les délégations territoriales de l’ARS ont recensé les signalements des collectivités qui connaissaient des difficultés concernant la distribution d’eau potable et, en lien avec les préfectures, les ont accompagnées dans la gestion sanitaire de ces événements.

Sur cette période, l’ARS a réalisé en temps réel le bilan régional des signalements afin de suivre l’évolution globale de la situation ainsi que les tendances. Au total, 103 communes de la région ont été identifiées en risque de pénurie imminente ou en rupture effective de l’approvisionnement en eau potable. Ces éléments ont été partagés avec les services de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement), direction qui assure de son côté un suivi plus global de la situation des nappes souterraines et des rivières. Les données de suivi de l’ARS ont également été diffusées par les délégations territoriales dans les comités sécheresse pilotés par les préfets dans chaque département.

Basées uniquement sur les déclarations des exploitants, les situations à risque de pénurie sont probablement sous-estimées, des exploitants ne signalant pas leurs difficultés à l’ARS ou à la préfecture, pour diverses raisons : méconnaissance du dispositif d‘accompagnement, simple oubli pendant la gestion de la crise, crainte d‘éventuelles conséquences, etc.

Des travaux interministériels, auxquels l’ARS Grand Est est associée, sont en cours afin d’identifier plus précisément les communes « sensibles » au risque sécheresse dans notre région.

Durant la sécheresse 2018, l’ARS a eu connaissance de la situation de 103 communes (2% des communes du Grand-Est), représentant 42 300 habitants, ayant connu des difficultés ou à minima des inquiétudes, relatives à leur dispositif de distribution d’eau potable.

Parmi celles-ci, 33 communes, représentant 7 431 habitants, ont été ravitaillées en urgence par camion-citerne (alimentation du réservoir communal) et 31 communes (représentant 13 369 habitants) ont connu des difficultés principalement sur l’aspect qualitatif.

Graph. Sécheresse 2018-Communes-hbts concernés GE

Les collectivités impactées sont nombreuses, elles sont généralement de petite taille, d’où des populations impactées faibles à l’échelle de la région. Les collectivités touchées sont souvent rurales et leurs réseaux d’eau potable ne sont donc pas toujours interconnectés avec des réseaux voisins, trop éloignés. C’est notamment ce qui est observé dans le département des Vosges, qui compte pourtant un grand nombre de réseaux d’eau, mais dont le morcèlement tient en partie au relief local.

Graph. Sécheresse 2018-Communes-hbts concernés par département

Outre des problèmes quantitatifs, la baisse du niveau des nappes favorise, dans certaines configurations hydrogéologiques, la hausse des concentrations de composés présents dans l’eau comme les nitrates, le fluor, l’arsenic ou les sulfates. Ces variations importantes de la qualité de l’eau peuvent entraîner la nécessité d’informer les abonnés du réseau que l’eau ne peut plus être consommée pour la boisson et préparation des aliments jusqu’au retour à une situation conforme.

En 2018, l’absence de pluies automnales suffisantes à prolonger la période de basses eaux jusqu’en décembre par endroit, alors qu’habituellement, les éventuelles difficultés s’estompent à partir d’octobre. Le suivi des signalements positionne le pic entre fin octobre et début décembre 2018. Paradoxalement, lorsque les pluies sont arrivées en quantité, certains secteurs étaient encore en pénurie alors que d’autres subissaient des inondations.

 

Graph. Sécheresse 2018-Communes alimentées camion citerne-craintes approvisionnement

 

Dans de nombreux cas, les délégations territoriales (DT) de l'ARS ont diffusé aux collectivités touchées par ces difficultés des consignes et recommandations sanitaires (messages type à la population, conseils en matière de désinfection, recommandations pour la mise en place de dispositif de substitution, arrêté-type d’autorisation exceptionnelle, etc.).

Un espace « boîte à outils », à disposition des délégations territoriales, a été mis en place pour que les informations et outils disponibles puissent être partagés et accessibles facilement à chaque délégation territoriale (données de suivi, courriers-type, dossiers-type de recommandations, etc.).

Le siège de l’ARS collige les données départementales. Ces éléments ont été partagés avec les services de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement), direction qui assure de son côté un suivi plus global de la situation des nappes souterraines et des rivières. Les données de suivi de l’ARS ont également été diffusées par les délégations territoriales dans les comités sécheresse pilotés par les préfets dans chaque département.

Des enquêtes sont actuellement en cours par les DT ARS sous l’égide des MISEN (Mission Inter-Services de l’Eau et de la Nature) pour identifier les communes « sensibles » au risque sécheresse dans leur département et les inciter, avec le concours des agences de l’eau notamment,  à réaliser les investissements préventifs nécessaires à la sécurisation de leurs réseaux vis-à-vis des pénuries récurrentes (mise en service de ressources complémentaires, interconnexions entre collectivités, suppression des fuites et amélioration des rendements des réseaux par exemple) dans un contexte d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques.