Pourquoi est-il si important de prévenir les infections associées aux soins ?
Dr Loïc Simon, responsable du Centre d’appui pour la Prévention des Infections Associées aux Soins (CPias) Grand Est : « Les infections associées aux soins représentent un enjeu majeur de santé publique, puisqu’elles concernent environ 5,7% des patients hospitalisés*. Elles peuvent entraîner des conséquences importantes en termes de morbidité et de mortalité.
Leur prévention repose principalement sur :
l’application des précautions standard appliquées à tous les patients et complémentaires pour certains patients infectés ou fragiles,
la maîtrise de l’utilisation des dispositifs invasifs,
la maîtrise des risques associés aux actes interventionnels,
la désinfection des dispositifs médicaux réutilisables,
la vaccination des professionnels et la prévention de l’antibiorésistance,
l’évaluation de la prévention des infections associées aux soins ».
*Enquête nationale de prévalence 2022 - Santé publique France
Comment aidez-vous les professionnels de santé (des établissements de santé, des établissements et services médico-sociaux et de la ville) dans la prévention des infections associées aux soins ?
Dr Loïc Simon : « Une équipe composée au minimum d’une secrétaire, d’un professionnel médical et d’un professionnel paramédical permet de répondre aux sollicitations des professionnels des établissements de santé (ES), des établissements et services médico-sociaux (ESMS) et du monde libéral dans le cadre de la prévention des infections associées aux soins (IAS).
Les missions que nous leur proposons sont triples :
Expertise et appui : conseil et assistance technique
Formation, informations, animation territoriale sous forme de webinaires, documents affichés…
Investigations, suivi des infections associées aux soins.
Le CPias Grand Est dispose de bureaux à Nancy, Reims et Strasbourg pour être au plus près des acteurs de santé ».
Quels progrès ont déjà été accomplis dans le Grand Est pour mieux protéger les patients et les soignants ?
Dr Loïc Simon : « Au décours de la crise Covid en 2020, le CPias Grand Est a contribué à la création d’un réseau de professionnels de la prévention et du contrôle de l’infection (PCI) pour accompagner les établissements médico-sociaux (EMS). Supporté par l’ARS, ce réseau dénommé PROMES, propose un maillage territorial de la région Grand Est par des équipes mobiles en hygiène (EMH) qui interviennent dans les EHPADs, les MAS (maisons d’accueil spécialisées) et les FAM (foyers d’accueil médicalisés). L’objectif est de permettre à tous les EMS de disposer, en fonction de leur besoin, d’une aide rapide pour la prévention et le contrôle des infections (PCI), surtout dans les périodes épidémiques ».
Quelles nouveautés ou bonnes pratiques ont été partagées lors des Journées régionales de prévention des infections associées aux soins ?
Dr Loïc Simon : « Les Journées régionales de prévention des infections associées aux soins sont une institution dans la région. Les 2 et 3 octobre 2025, la 32ème édition de cet événement a eu lieu à Villers-lès-Nancy avec toujours des thématiques d’actualités comme la gestion de l’environnement (publication récente de nouvelles recommandations nationales sur la gestion des déchets hospitaliers), la problématique des bactéries hautement résistantes aux antibiotiques qui ne cessent de progresser partout dans le monde et des retours d’expériences sur des alertes et épidémies dans notre région. Entre 200 et 300 professionnels participent chaque année à ces journées régionales avec la présence remarquée de l’ARS ».
Quelles sont aujourd’hui les principales priorités du CPias Grand Est en matière de prévention des infections associées aux soins, et comment s’articulent-elles avec les enjeux nationaux ?
Dr Loïc Simon : « Le vieillissement de la population, les difficultés rencontrées dans l’organisation de nos établissements de santé (ressources humaines disponibles), et les nouveaux enjeux de santé publique (résistance aux antibiotiques) définissent des priorités de travail pour le CPias Grand Est. Chaque CPias dispose à la fois d’une feuille de route nationale et d’exigences régionales définies par leurs ARS selon le contexte local. La stratégie nationale de prévention de l’infection et de l’antibiorésistance (SNPIA) vient d’être prolongée jusqu’en 2027 et a fait l’objet d’une évaluation par le Haut Conseil de Santé Publique qui formule des propositions. Le CPias Grand Est est donc un acteur régional majeur de la politique de prévention de l’infection et de l’antibiorésistance pour une meilleure santé de nos patients ».
Des enquêtes nationales ponctuelles, organisées par Santé Publique France, mesurent un jour donné, le nombre d’infections dans les établissements. Le CPias coordonne en région ces enquêtes de prévalence (ENP).
Les deux dernières ENP des infections associées aux soins permettent d’avoir une idée assez précise de la situation dans la région Grand Est :
En 2022, l’ENP a concerné les établissements de santé et montraient :
En 2024, l’ENP a concerné cette fois les établissements médico-sociaux. Les données nationales de 1 288 Ehpad ayant inclus 102 166 résidents ont été analysées. Avec 2 652 infections associées aux soins (IAS) rapportées en 2024, la prévalence des infections est estimée à 2,41 % au niveau national alors que pour la région Grand Est, le jour de l’enquête, 225 résidents avaient une ou plusieurs IAS, soit une prévalence des résidents infectés de 1,99%.






