Le dépistage a pour objectif de mettre en évidence la présence d’un cancer en l’absence de signe clinique. Par rapport à l’histoire naturelle du cancer, le dépistage se situe en amont de la détection précoce. Il s’appuie sur un test dit de dépistage.
Deux programmes nationaux de dépistage organisé sont actuellement mis en œuvre en France. Le premier porte sur le cancer du sein, le deuxième concerne le cancer colorectal. Le Plan Cancer 2014-2019 prévoit de généraliser le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus sur le territoire national à partir de 2017.
Pour faire l’objet d’un dépistage organisé, la maladie doit répondre à plusieurs critères :
- Représenter un problème de santé publique de par sa fréquence, sa morbidité et sa mortalité ;
- Disposer d’un test acceptable par la population et efficace ;
- Disposer d’un traitement.
Après le cancer du poumon, le cancer colorectal reste le deuxième cancer le plus meurtrier en France avec environ 18 000 décès par an. C'est le 3ème cancer le plus fréquent chez l'homme (21 500 cas), après celui de la prostate et du poumon et le 2ème chez la femme (19 000 cas) après celui du sein. Diagnostiqué 9 fois sur 10 après 50 ans, le cancer colorectal touchera 1 personne sur 30 au cours de sa vie.
Or, plus ce cancer est détecté tôt, moins les traitements sont lourds et mutilants et plus les chances de guérison sont importantes (90 % des cas).Le cancer colorectal fait depuis 2009 l'objet d'un programme de dépistage organisé qui vise à réduire la mortalité. Le dépistage permet en effet d’identifier et de traiter des lésions précancéreuses avant qu’elles ne dégénèrent en cancer.
Organisation du dépistage
Les personnes âgées de 50 à 74 ans sont invitées tous les 2 ans à se rendre chez leur médecin traitant qui décide, en fonction des antécédents, de l’opportunité de faire ou non un test immunologique. Il détermine, en fonction de votre histoire personnelle et familiale, si ce test est approprié. Certaines personnes ne justifient pas d’un test immunologique, mais relèvent d’un suivi individuel consistant en une coloscopie directe réalisée par un gastro-entérologue. Si c’est le cas, le médecin délivre le test et explique comment procéder de manière précise. il vous informe de l’intérêt et des limites de ce dépistage, et des examens éventuels en cas de test positif.
Le test immunologique consiste à rechercher du sang sur des fragments de selles. Ce test, simple et rapide, est à faire chez vous. Il permet de prélever de manière très hygiénique un échantillon de vos selles grâce à une tige à replacer dans un tube hermétique. Lorsque la recherche est positive (environ 5% des cas en région Grand Est), le patient est invité à faire réaliser une coloscopie par un gastroentérologue. La coloscopie permet de détecter le cancer colorectal, mais également d’enlever des tumeurs bénignes susceptibles de se cancériser. Le dépistage est généralisé depuis 2009.
Le patient n'a pas de frais à avancer. Le kit est remis gratuitement par le médecin traitant à son patient et l'analyse du test est automatiquement prise en charge à 100% par l'Assurance maladie. Vous l’envoyez gratuitement par La Poste, pour analyse, dans l’enveloppe T fournie avec le test. Les résultats vous sont adressés ainsi qu’à votre médecin traitant
En savoir plus
INCa : Dépistage du cancer colorectal
Assurance Maladie : Cancer colorectal : comment prévenir ?
Santé Publique France :
- Mars Bleu 2018 : données nationales de dépistage 2016-2017
- Données départementales de dépistage 2016-2017 en région Grand Est
Programmes de dépistage des cancers : Arrêté du 23 septembre 2014 portant introduction du test immunologique dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal
Le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent chez les femmes en France. Si le cancer est détecté à un stade précoce, la survie relative à 5 ans est supérieure à 90 %. Il est donc impératif de pouvoir dépister tôt ce cancer afin de le traiter efficacement.
En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. C’est aussi la 1ère cause de mortalité par cancer, avec près de 12 000 décès par an. Pourtant, s’il est détecté tôt, ce cancer est guéri dans 9 cas sur 10. Son dépistage est donc un enjeu majeur de santé publique. C’est pourquoi le Ministère de la Santé a annoncé à l’occasion d’Octobre Rose 2016, la prise en charge à 100 % d’examens de dépistage supplémentaires pour les femmes particulièrement exposées. C’est désormais un droit.
Organisation du dépistage
Depuis la généralisation du dépistage en 2004, elle est confiée, dans chaque département, à la structure de gestion de dépistage des cancers.
Les femmes de 50 à 74 ans sont invitées tous les 2 ans à bénéficier d’un examen des seins suivi d’une mammographie de dépistage gratuite sans avance de frais chez le radiologue de leur choix sur une liste jointe à l’invitation (en ville ou à l’hôpital). Dans 15% des cas environ, les seins étant plus denses, une échographie est également nécessaire (remboursée à 70% par l’assurance maladie).
Lorsque la mammographie est anormale ou qu’un symptôme clinique suspect est découvert, un bilan de diagnostic immédiat est réalisé. Si la mammographie est normale, elle est envoyée par le radiologue à la structure de gestion où elle est lue par un 2ème radiologue spécialisé dans la lecture des mammographies.
Pourquoi choisir le dépistage organisé du cancer du sein ?
Le dépistage organisé permet 6 apports essentiels :
• assurance de qualité ;
• double lecture centralisée ;
• gratuité sans avance des frais ;
• réduction des inégalités d’accès à la prévention ;
• suivi des pratiques médicales ;
• meilleur rapport qualité/coût.
Dans la mesure où le dépistage du cancer du sein comprend un examen clinique des seins et une mammographie qui sont des actes individuels, beaucoup pensent qu’il n’y a aucune différence entre le DO et le dépistage individuel, et que seule compte la compétence du radiologue.
Apports pour la patiente
• Assurance de qualité grâce à un engagement individuel du radiologue par contrat : étalonnage des appareils de radiologie tous les 6 mois (assurance qualité des mammographies), sélection des radiologues par la structure de gestion en fonction d’un seuil minimum d’activité, formation spécifique reprise régulièrement.
• Double lecture centralisée, car la lecture d’une mammographie est difficile. Elle demande une grande expérience et une discussion des cas difficiles. Le diagnostic est plus sûr.
• Gratuité totale de la mammographie sans avance des frais et sans dépassements d’honoraires et une liberté de choix du radiologue (en ville ou à l’hôpital) sur la liste proposée.
Apports pour la collectivité
• Réduction des inégalités d’accès à la prévention.
Toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à bénéficier du dépistage. Parmi elles, beaucoup ne l’auraient pas fait sans cette invitation. De plus, la structure de gestion fait des campagnes de promotion du DO auprès de femmes de milieux défavorisés afin qu’elles en bénéficient également.
• Suivi des pratiques médicales assurant une meilleure qualité des soins. La structure de gestion recueille des indicateurs de qualité : taux de mammographies anormales en 1ère et 2ème lectures, taux de mammographies de mauvaise qualité, taux de cancers dépistés, etc. Chaque indicateur est comparé à une référence et une enquête est réalisée s’il s’en éloigne trop. Des actions rectificatrices sont ensuite mises en œuvre (contrôle des appareils, formation des manipulateurs radio ou des radiologues par exemple).
En savoir plus
INCa : Dépistage du cancer du sein
Assurance Maladie : Cancer du sein : comment prévenir ?
Santé Publique France : Octobre Rose 2016 : synthèse des données d'incidence et de dépistage du cancer du sein en France
Chaque année en France, près de 3000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont détectés et environ 1100 femmes décèdent des suites de cette maladie. Pourtant il est « évitable » : la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) et le dépistage par frottis cervico-utérin (FCU) en constituent deux interventions de prévention complémentaires. Grâce au frottis de dépistage, le cancer du col de l’utérus peut être évité dans 9 cas sur 10.
Le dépistage permet, d’une part, d’identifier et de traiter des lésions précancéreuses avant qu’elles n’évoluent vers un cancer et, d’autre part, de détecter des cancers à un stade précoce dont le pronostic est bien meilleur qu’à un stade avancé. Il est ainsi recommandé de pratiquer un frottis tous les trois ans chez toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans : 17 millions de femmes sont concernées.
Or, il faut constater que 40% des femmes, en moyenne, n’ont pas réalisé de frottis (FCU) dans les trois ans. Et depuis sa recommandation en 2007, la vaccination des jeunes filles par le vaccin HPV est très insuffisamment mise en œuvre. Au 31 décembre 2015, moins de 15% des jeunes filles avaient reçu le schéma complet de vaccination à 16 ans.
Début des travaux de généralisation du dépistage organisé prévus sur le Grand Est en 2018
Le Plan Cancer 2014-2019 prévoit de généraliser le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus sur le territoire national à partir de 2018. Au niveau du Grand Est, c’est l’association EVE, située sur le territoire alsacien, qui a été retenue pour le mettre en œuvre sur la région. Elle assure la promotion et la qualité du dépistage du cancer du col de l’utérus depuis plus de 20 ans.
En effet, depuis 1994, l’Alsace fait partie des régions-pilotes chargée d’expérimenter le dépistage organisé du col de l’utérus, avant sa généralisation nationale. Les données 2015 relatives à ce dépistage montrent que 66,1% des femmes pour le Bas-Rhin et 65,6 % pour le Haut-Rhin avaient effectué au moins 1 frottis dans les 3 dernières années.
Premier résultats d’une étude portant sur le suivi d’une cohorte vaccinale sur le territoire alsacien
Depuis plusieurs années, l’ARS participe au financement d’une étude portant sur le suivi d’une cohorte de jeunes filles ayant bénéficié du vaccin anti-HPV.
L’analyse de cette cohorte vaccinale montre que :
- la couverture vaccinale est de plus en plus faible, surtout en milieu urbain ;
- la part de schémas vaccinaux incomplets est importante ;
- les femmes vaccinées en rattrapage ont tendance à moins se faire dépister : c’est la complémentarité de la vaccination et du dépistage qui permet de lutter le plus efficacement contre le cancer du col de l’utérus.
Les vaccins disponibles actuellement ne protègent que contre certains virus HPV (ceux qui sont impliqués dans 70% des cancers du col de l’utérus). C’est pourquoi toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans, y compris celles qui sont vaccinées, doivent faire un frottis de dépistage tous les trois ans.
La vaccination contre le HPV de dispense pas de la surveillance régulière par frottis !
En savoir plus
INCa : Dépistage du cancer du col de l'utérus
Assurance Maladie : Cancer du col de l'utérus : comment prévenir ?
Ministère de la santé : Dépistage du cancer du col de l'utérus
Santé Publique France : Evaluation des programmes de dépistage (InVS) + Données par localisation (InVS)
BEH 24.01.2017 : Vers la généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus
L’organisation du dépistage des cancers du sein et colorectal est assurée par des structures de gestion. Sur le territoire alsacien, une association promeut également, à titre expérimental, le dépistage du cancer du col de l’utérus
En région Grand Est, il existe actuellement 11 structures de dépistage organisé des cancers. On en dénombre 4 sur le territoire lorrain, 4 sur le territoire champardennais et 3 sur le territoire alsacien.
Dans le cadre du Plan Cancer (2014-2019), pour une optimisation des moyens et une harmonisation des pratiques sur la région Grand Est, il est prévu de réunir ces 11 structures en une seule, à l’horizon 2019.
Territoire |
Structure de gestion |
Téléphone |
Mail / Site internet |
08 - Ardennes |
SAC 08 |
03 24 59 27 09 |
|
10 - Aube |
ADECA* 10 |
03 25 41 62 87 |
|
51- Marne |
ADPS Dépistage 51 |
03 26 84 93 31 |
|
52 - Haute-Marne |
ADECA* 52 |
03 25 04 32 18 |
|
54 - Meurthe-et-Moselle |
ADECA* 54 |
03 83 44 87 08 |
|
55 - Meuse |
AMPM |
03 29 46 46 00 |
|
57 - Moselle |
AMODEMACES Association MOsellane pour le Dépistage des MAladies CAncéreuses |
03 87 76 11 78 |
|
88 - Vosges |
AVODECA |
03 29 68 28 39 |
|
67/68 |
ADECA Alsace* |
03 89 12 70 13 |
|
67/68 |
ADEMAS |
0 800 749 749 |
|
67/68 |
Association EVE |
0 800 749 749 |
* ADECA : Association pour le DEpistage des CAncers
L’ARS Grand Est veille au bon déroulement des dépistages organisés, à travers le soutien et l’accompagnement des structures de gestion des dépistages organisées. Elle contribue au financement du fonctionnement de ces structures en lien avec l’Assurance maladie et certains Conseils départementaux.
Une attention particulière est portée sur les publics précaires, qui participent moins aux campagnes de dépistage que le reste de la population-cible. C’est pourquoi l’ARS a inscrit comme priorité le renforcement de la promotion des dépistages organisés (DO) dans les quartiers prioritaires des Ville, à travers les contrats locaux de santé (CLS).
A l’heure actuelle, chaque département comporte une structure de dépistages organisés des cancers. Dans le cadre du Plan Cancer (2014-2019), pour une optimisation des moyens et une harmonisation des pratiques sur la région Grand Est, il est prévu de réunir ces 11 structures en une seule, à l’horizon 2019.