
Le suicide n'est pas une fatalité : les actions en Grand Est pour le prévenir
La crise sanitaire a eu un rôle de catalyseur des problèmes de santé mentale en France, mettant en exergue la nécessité de porter une attention spécifique à cette dimension. Les dernières données montrent que la fréquence des passages aux urgences pour gestes suicidaires et idées suicidaires est en augmentation avec un impact important chez les personnes jeunes, notamment chez les 11-17 ans, où cette fréquence est à son plus haut niveau depuis les 4 dernières années.
En 2017, Santé Publique France rapportait que :
- 1 personne habitante du Grand Est sur 20 (4,9%) déclarait avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année
- 1 personne habitante du Grand Est sur 12 (8,1%) déclarait avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de la vie.
Santé publique France : les données pour la région Grand Est :
Plus que jamais, il est primordial de rappeler que le suicide n’est pas une fatalité et qu’il est possible d’agir pour le prévenir.
En présence de signes d’anxiété ou de dépression (tristesse, perte d’intérêt, d’énergie, irritabilité excessive…), ou en cas de changements inhabituels de comportement (décrochage scolaire, isolement social, perte ou gain important d’appétit ou de poids…), il est important d’en parler et de prendre conseil auprès de son médecin afin d’être orienté sur les aides et solutions disponibles.
Un ensemble d’actions sont déclinées en Grand Est par l’ARS avec les acteurs locaux dans le cadre de la stratégie nationale de prévention du suicide déployée par l’ARS Grand Est grâce aux acteurs de terrain.
- Pour en parler ou s’informer sur ce sujet, que ce soit pour soi-même ou un proche, le 3114 est une ligne d’écoute gratuite et confidentielle, ouverte à tous, 7 jours sur 7 et 24h sur 24, où des professionnels peuvent vous répondre.
- Au-delà de ce numéro national, d’autres ressources existent, que ce soit des lignes dédiées aux jeunes comme Fil santé jeune et Nightline par et pour les étudiants, ou encore des lignes associatives comme SOS Amitié.
- Par ailleurs, des formations à la prévention du suicide sont déployées sur le Grand Est pour aider chacun à repérer les signes de souffrance psychique.
- Pour maintenir les liens sociaux, au-delà des proches, le dispositif VigilanS vient en appui des prises en charges habituelles dans les suites d’une tentative de suicide.
- Les personnes exposées directement ou indirectement à un événement suicidaire sont plus à risque d’avoir des idées suicidaires, ou même de passer à l’acte. Au niveau individuel, être exposé à un suicide multiplierait de 2 à 4 le risque de geste suicidaire.
Les actions de prévention de la contagion suicidaire : https://papageno-suicide.com
Ce numéro est gratuit, confidentiel et accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national.
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Le site du numéro national de prévention du suicide - 3114 Il permet de répondre aux besoins immédiats des personnes en recherche d’aide : information, écoute avec bienveillance et sans jugement, évaluation du niveau de souffrance, intervention, urgence, orientation vers les acteurs pour une prise en charge adaptée ou accompagnement. |
Ce service est proposé pour tous : les personnes en souffrance, l’entourage inquiet pour un proche, les personnes endeuillées par suicide.
Il s’adresse également aux professionnels en quête d’information sur ce sujet.
L'organisation du 3114 en région Grand Est
Porté nationalement par le CHRU de Lille, ce dispositif s’appuie sur des centres régionaux. Pour le Grand Est, c’est le Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) qui est le centre répondant. Les Dr PICHENE et LIGIER du CPN de Nancy ont œuvré pour constituer et former une équipe de professionnels, qui est opérationnelle depuis le 1er octobre 2021.
Le centre répondant du Grand Est est un « centre de jour » : il reçoit donc les appels de 9 h à 21 h tous les jours. La nuit (de 21h à 9 h le lendemain), une bascule des appels se fait automatiquement sur l’un des 3 centres « de nuit » répertoriés en France (pour le Grand Est, il s’agit du CRHU de Lille).
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Accédez au webinaire de présentation du dispositif au niveau régional (janvier 2022) sur la chaine YouTube de l'ARS Grand Est : Présentation du dispositif "3114, Numéro National de Prévention du Suicide (2NPS)"
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6 février 2023 : assistez à la conférence Grand Public "3114, bien plus qu'un numéro" organisée à Nancy au CPN à Laxou (54) : participation gratuite sur inscription
Des numéros d’écoute complémentaires et coordonnés
En complémentarité du 3114, il existe d’autres numéros d’écoute, tous anonymes et gratuits, pour les personnes en mal-être, non spécifiques à la thématique du suicide.
Ces numéros peuvent s’adresser des publics spécifiques ou à tout à chacun :
- Fil Santé Jeunes - 0 800 235 236 Fil Santé Jeunes accueil le lien qui te libère (filsantejeunes.com)
Service d’écoute anonyme et gratuit pour les 12-25 sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour, du mal être, etc.
- Permanence d’écoute téléphonique tous les jours de 9h00 à 23h00.
- Tchat individuel ouvert tous les jours de 9h00 à 22h00.
- Nightline : liste des numéros par ville à consulter ici
Cette ligne d’écoute PAR et POUR les étudiants propose en ligne un « kit de survie » comprenant par exemple un outil d’aide à l’écriture d’un message pour dire à un proche qu’on va mal : Kit de (sur)vie : les bons outils pour ma santé mentale | Nightline
- SOS Amitié : 09 72 39 40 50 - Accueil - France (sos-amitie.com)
- Annuaire de toutes les lignes d’écoute : https://www.psycom.org/sorienter/les-lignes-decoute/
Le risque suicidaire est majoré pour les personnes ayant un antécédent de tentative de suicide.
En effet, 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois suivant une tentative de suicide. Par ailleurs, la survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque de tentative dans l’année suivante, et par 4 le risque de suicide ultérieur.
C’est pourquoi le dispositif VigilanS a été mis en place. Après leur prise en charge (aux urgences ou en hospitalisation ou en soins de ville), VigilanS assure un recontact régulier des personnes parallèlement à leur prise en charge par les acteurs du soin.

Le dispositif VigilanS est créé en 2015 dans les Hauts-de-France. La même année, le Centre Psychothérapeutique de Nancy (CPN) a initié la mise en œuvre de ce dispositif en Lorraine.
Depuis 2020, ce dispositif s’étend à la région Grand Est avec l’implantation de deux nouveaux centres à Strasbourg et Reims.
3 formations en prévention du suicide sont disponibles en Grand Est.
Elles s’adaptent à chacun, selon ses compétences et son parcours :
- Niveau 1 - Sentinelle : destinée aux citoyens ou professionnels volontaires pour repérer la souffrance psychologique et la problématique suicidaire au sein de leur environnement
- Niveau 2 - Évaluation et orientation : destinée aux professionnels de santé et psychologues cliniciens de premier recours afin qu’ils soient en mesure d’évaluer le risque suicidaire des personnes, et de les orienter dans le système de soins.
- Niveau 3 - Gestion de crises : destinée aux professionnels de la santé mentale prenant en charge les personnes en situation de crise suicidaire
Ces trois rôles et trois fonctions permettront la création d’un réseau de repérage, d’évaluation et d’intervention.
Pour toute information pour trouver une formation : Accueil | GEPS Formation (geps-formation.com)
En région Grand Est, 2 formateurs nationaux ont été formés par le Groupement d'Etudes et de Prévention du Suicide (GEPS) :
- Mme le Dr Pichene – Psychiatre au CPN
- Mme le Dr Ligier – Pédopsychiatre au CPN
A ce jour, ces formatrices ont formé plus de 65 formateurs en Grand Est qui déploient à leur tour des formations en direction des publics cibles.
Des formations aux premiers secours en santé mentale pour les étudiants de l'Université de Lorraine
Cette expérimentation déployée au sein de l’Université de Lorraine depuis 2019 a permis aux étudiants formés d’intervenir facilement et de façon proactive devant toute situation nécessitant des secours en santé mentale.
Aujourd’hui, cette formation aux premiers secours en santé mentale, qui vise à déstigmatiser les troubles mentaux dans la population générale et repérer les troubles psychiques ou les signes précurseurs de crise afin d’intervenir précocement, sur le modèle des « gestes qui sauvent », s’étend beaucoup plus largement et tout à chacun peut s’y former.
Pour devenir secouriste : https://pssmfrance.fr/etre-secouriste/
Université de Lorraine : Formation standard aux Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM)
Depuis le printemps 2022, le dispositif national MonParcoursPsy permet à tous, dès l’âge de 3 ans, et sur adressage d’un médecin, de bénéficier de 8 séances d’accompagnement psychologique (1 bilan et 7 séances) prises en charge par l’Assurance Maladie avec la participation des organismes complémentaires.
Ce dispositif national fait suite au dispositif Ecout'émoi, dispositif expérimental qui s’était déployé en Grand Est : il s’inscrit dans la mesure 18 des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie « Prise en charge par l’Assurance maladie d’une prestation d’accompagnement psychologique réalisée par un psychologue en ville ».
Pour en savoir plus :
- Site internet MonParcoursPsy "En parler, c’est déjà se soigner" : https://monparcourspsy.sante.gouv.fr/
- Santé mentale des enfants et adolescents : un suivi renforcé et une prévention sur-mesure (Actualité Santé Publique France /17 Janvier 2022)
Depuis février 2022 et la circulaire 2022/24 du 31 janvier 2022 relative aux modalités de pilotage de la feuille de route pour la prévention du mal-être et pour l’accompagnement des agriculteurs et des salariés agricoles, l’ARS Grand Est collabore au niveau régional avec les Préfectures et la MSA (Mutualité Sociale Agricole) en faveur de la santé mentale des personnes du milieu agricole.
En 2022, des comités départementaux se sont mis en place sous l’égide du Préfet de département, et associent l’ensemble des partenaires du territoire dont les ARS, pour se mobiliser sur les différentes leviers d’actions.
La MSA était déjà fortement mobilisée sur le sujet avec des dispositifs tels que la ligne Agri’Ecoute.
Vous êtes concernés par la prévention du suicide ? Où vous adresser ?
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Vous êtes un professionnel ?
Dans le cadre de la prévention des conduites suicidaires, l’ARS Grand Est a confié à l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) Grand Est la réalisation d'un annuaire des professionnels et des associations ressources dans les départements du Grand Est (Ardennes, Aube, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Vosges).
Consultez l'Annuaire des structures travaillant dans le champs du suicide en Grand Est
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Vous êtes un particulier ?
Si vous, ou l'un de vos proches, vous sentez concernés par le suicide, ou si vous éprouvez un mal être psychique, avec des idées suicidaires ou non, nous vous recommandons de prendre contact avec :
- Le 3114, qui vous orientera
- Votre médecin traitant, le Centre Médico Psychologique (CMP) de votre secteur, l’hôpital psychiatrique le plus proche ou encore un cabinet de psychiatre ou de psychologue libéral.
- Si la situation vous parait urgente, vous pouvez appeler les urgences (le 15) ou vous rendre au service des urgences de votre hôpital de proximité.
- Vous trouverez des informations générales sur le thème du suicide sur le site du PSYCOM, un organisme public d'information et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale.