Edito

Article
Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes

Le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes, Présidente de l'Union Régionale des Professionnels de Santé Médecins Libéraux Grand Est depuis le 16 janvier 2016.

"Grand Est, terre de contrastes, terre de projets…

La Région Grand Est est une terre de contrastes de par son histoire, ses cultures, ses disparités économiques  et son inégale répartition  de la démographie médicale.

Ces différences entre des territoires bien dotés ou, à l’inverse, défavorisés en nombre de médecins, interrogent le principe d’égalité d’accès aux soins.

Face à ce constat, dans l’objectif d’arrêter un plan d’action, il est en premier lieu nécessaire que l’ARS et l’URPS ML s’accordent sur le diagnostic, sans oublier d’y intégrer les médecins spécialistes.

A cet effet, l’URPS-ML Grand Est a installé une commission de « démographie médicale ». Elle s’est dotée d’outils tels que l’Institut Statistique des Professionnels de Santé Libéraux (ISPL), qui fournit des données chiffrées précises extraites du Système National d'informations Inter Régions d'Assurance Maladie (SNIIRAM). L’ISPL permet de tracer les périmètres des grands pôles d’attraction des médecins spécialistes, territoire par territoire, afin de définir les futures Communautés Professionnelles de Territoires de Santé (CPTS), créées par la Loi de Modernisation de notre Système de Santé.

Pour lutter contre les déserts médicaux, il faut s’en donner les moyens. Il existe de multiples aides incitatives à l’installation proposées par les CPAM, l’ARS ou les collectivités territoriales…. Néanmoins, on peut regretter qu’elles soient, en grande majorité, réservées aux seuls médecins qui choisissent d’exercer en structure coordonnée.

De surcroît, pour inciter les jeunes à s’installer, il est indispensable de leur fournir les informations nécessaires (cartographie des zones déficitaires, état de l’offre, aides financières…) et de les compléter par des témoignages d’expériences réussies de jeunes médecins qui ont fait ce choix. La Journée de l’Installation en Médecine Libérale (JIML) organisée à Reims depuis près de 10 ans, répond  à cet objectif. En effet, en Champagne-Ardenne, entre 2010 à 2015, la progression des installations est supérieure à  la moyenne nationale. Nous avons décidé d’étendre la démarche sur  le Grand Est.

Concernant les spécialistes, force est de constater, hélas, que dans leur cursus d’études, ils sont insuffisamment familiarisés avec l’exercice libéral. Nous souhaitons inciter les médecins spécialistes à accueillir, au sein de leur cabinet, de jeunes stagiaires. La Faculté de Médecine doit nous soutenir dans cette démarche et autoriser les jeunes à effectuer leur stage en libéral.

Cependant, toutes ces mesures incitatives ne pourront suffire si elles ne s’inscrivent pas dans une politique globale d’aménagement du territoire afin d’attirer les jeunes médecins (crèche, école, bassin d’emploi).

Un autre moyen de pallier la pénurie de l’offre consiste à optimiser le temps médical. Il est notoire que les médecins « croulent » sous des tâches ne relevant pas spécifiquement des soins, notamment dans le cadre de la prise en charge de cas de plus en plus complexes, de patients de plus en plus âgés, prise en charge qui intègre une dimension sociale et médico-sociale.

A cette fin, en application du décret du 4 juillet 2016, nous avons voulu promouvoir, en étroite collaboration avec l’ARS GE, les premières Plates-Formes Territoriales d’Appui (PTA) dont l’un des enjeux essentiels est d’offrir aux médecins un dispositif  leur permettant de se consacrer davantage à leur cœur de métier. A ce jour, quatre projets de PTA sont approuvés.

Terre de contrastes, la  Région Grand Est s’enrichit de ses diversités et s’investit dans les projets innovants afin de répondre aux défis de l’exigence de la prise en charge de la santé de ses concitoyens.

L’URPS ML Grand Est s’inscrit pleinement dans cette stratégie."
 

Dr Guilaine KIEFFER-DESGRIPPES,
Présidente de l’URPS ML Grand Est