Améliorer la couverture vaccinale contre le HPV : bilan de l’expérimentation menée en Grand Est

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Illustration Expérimentation : amélioration de la couverture vaccination HPV en Grand Est

En 2019, l'ARS Grand Est a mené une expérimentation afin d'améliorer les pratiques des professionnels de santé pour développer la vaccination contre les infections liées aux papillomavirus (HPV) avec l'objectif d’augmenter la couverture vaccinale chez les adolescents de 11 à 14 ans.

Qu'est-ce que le Human Papillomavirus (HPV) ?

Transmises par voie sexuelle (IST), les infections à HPV sont responsables de nombreux cancers, non seulement du cancer du col de l’utérus mais aussi d’autres cancers (cancers ORL, cancers de la marge anale) qui touchent tant les femmes que les hommes. Les lésions précancéreuses, lorsqu’elles sont dépistées, peuvent être traitées mais avec des conséquences importantes (comme par exemple un risque majoré de fausses couches).

Pour qui est recommandée la vaccination ?

La vaccination HPV est actuellement recommandée pour tous les adolescents, filles et garçons, de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans. Elle est également recommandée dans certaines pathologies chroniques et/ou immunodépression ainsi que pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans.
"Dès la prochaine rentrée scolaire, les élèves en classe de 5e qui sont volontaires pourront se faire vacciner gratuitement contre les papillomavirus (HPV). Cette mesure permettra à 800 000 élèves par an d'être protégés contre les cancers liés aux HPV. " (consulter l'annonce présidentielle 01/03/2023)

L'expérimentation menée en Grand Est

En 2018, devant un constat de faible couverture vaccinale HPV (23,7 % des jeunes filles de 16 ans avec schéma complet au niveau national et 29,1% en Grand Est), un appel à projet a été lancé par la Direction Générale de la Santé (DGS) pour la mise en place d’une expérimentation facilitant cette vaccination.

La candidature de l’ARS Grand Est a été retenue pour mener une expérimentation avec un déploiement prévu sur une durée de 3 ans.

Ce projet a ciblé cinq territoires, situés dans les départements de la Meurthe-et-Moselle (54), de la Meuse (55), du Bas-Rhin (67), du Haut-Rhin (68) et des Vosges (88), et deux publics :

1. Les professionnels de santé, avec des actions de formation et d’information à leur encontre, selon trois niveaux :

  • L’envoi d’un courrier à l’ensemble des professionnels de santé du Grand Est pour leur expliquer les modalités de l’intervention et l’expérimentation en cours.
  • L’organisation de soirées de sensibilisation et de formation pour les professionnels de santé des territoires retenus, visant à leur fournir des informations sur la vaccination HPV, actualiser leurs connaissances sur le sujet, et leur fournir des clés afin de lever les hésitations vaccinales au sein de leur patientèle.
  • Une formation à l’entretien motivationnel assurée par l’IREPS Grand Est proposée aux professionnels de santé habilités à vacciner sur ces mêmes territoires.

2. Les adolescents et leurs parents, avec une information associée à une facilitation de la vaccination.

Les actions à destination des adolescents et des parents ont été déclinées en milieu scolaire et hors milieu scolaire :

  • En milieu scolaire, la facilitation a consisté en une intervention au sein de collèges impliquant une lecture des carnets de vaccination, et une mise à jour des statuts vaccinaux identifiés, soit en dirigeant les familles vers leur médecin traitant, soit en organisant un second passage pour réalisation de la vaccination au sein de l’établissement directement.
  • Hors milieu scolaire, un courrier était adressé aux parents d’adolescents de 11 à 14 ans non vaccinés rappelant l’intérêt de la vaccination et la possibilité d’obtenir le vaccin gratuitement dans le cadre de ce dispositif.

 

Quels impacts chez les adolescents et leurs parents ?

Les résultats font état de plusieurs éléments en faveur de la contribution de l’expérimentation à l’accroissement de la couverture vaccinale anti-HPV grâce à plusieurs leviers :

  • Effet « d’information » : la première raison pour laquelle les parents n’avaient pas l’intention de faire vacciner leur enfant provenait d’une méconnaissance de l’éligibilité de leur enfant à cette vaccination. Cet effet a été d’autant plus observé chez les parents de garçons.
  • Effet « d’accélération » : le fait d’être informé du déroulement d’une vaccination au sein de l’établissement scolaire a permis de lutter contre le report de la prise de décision vis-à-vis de la vaccination de leur enfant auprès des familles.
  • Effet de « légitimation » : une grande partie des familles a accepté la vaccination dès réception de l’information à ce sujet.

Pour quels résultats en terme de vaccination ?

  • En milieu scolaire, parmi les enfants qui n’étaient pas vaccinés, 24% ont pu bénéficier d’une protection vaccinale lors de la première année d’expérimentation en 2020-2021 et 21% en 2021-2022.
  • En outre, il a été observé une progression forte du taux de jeunes de 5ème dont le schéma vaccinal anti-HPV est à jour ou initié :
    • A jour : de 9% à 27% en 2020-2021
    • Ayant reçu une dose : de 14% à 31% en 2021-2022
  • Pour les familles ayant uniquement bénéficié d’une information par courrier sur la vaccination HPV sans intervention dans l’établissement de leur enfant, 19% d’entre elles ont engagé leur enfant dans un parcours vaccinal à l’issue des deux ans de l’expérimentation.  
  • Au total, 43 % des parents ont accepté la vaccination dès réception du courrier (74 % milieu scolaire VS 29% hors milieu scolaire).
     

Quels facteurs de réussite ?

L’exemple de cette expérimentation démontre l’importance du lien avec les familles, (lisibilité de la démarche, de ses enjeux, des atouts pour leurs enfants, des acteurs ressources, transparence, mise en confiance), du renforcement de l’information des professionnels de santé, et de l’organisation des établissements scolaires accueillant les dispositifs, notamment la présence d’une infirmière scolaire au sein de l’établissement.

Face aux enjeux de la vaccination, quel que soit le vaccin considéré, il n’existe pas de solution ni d’outil unique : la réponse apportée doit s’inscrire dans une démarche globale mobilisant plusieurs leviers.